JF MAGRE
la terre étrangère
Jean-François Magre, musicien solitaire et multi-non-instrumentiste tel qu’il se définit lui-même, a produit, entre 1998 et 2001, dans l’ombre de sa chambre, une série de sept cassettes destinées à sept amis. Sept heures de musique donc, ne calculons pas le nombre d’heures passées à jouer, à créer des conditions d’enregistrement, à capter, empiler, écorcher les sons, à raconter dans des micros d’infortune, à collecter, agencer, lutter, à s’adapter aux contraintes existantes (matérielles, physiques, techniques, sonores) et en provoquer d’autres pour générer cette musique unique, très peu référentielle, narrative, contorsionniste, organique et ultra personnelle.
Et tout cela sans jamais jouer live, jamais faire de concert, jamais frotter cette musique à d’autres oreilles et âmes que celles des quelques destinataires intimes des cassettes, ne pas la faire sortir, le seul souci et réel intérêt pour Magre étant l’enregistrement. Alors pour réparer cette injustice, et surtout parce que chacun des rares auditeurs avait été estomaqué et marqué à vie par ses chansons, c’était la moindre des choses de les rendre «publiques». C’eut été un manquement de ne pas le faire, et après avoir tourné autour du pot pendant des années, sachant que nous ne pouvions pas éditer tout ces albums et ne pouvant nous décider à en sortir un du lot, nous avons finalement procédé, avec l’accord actif de Jean-François Magre, à un assemblage, un panorama, en piochant dans cette luxuriante cassettographie, isolant des chansons en tentant de reconstituer l’album «idéal», celui qui ferait le pont entre tous, sans pour autant le penser en terme de compilation, mais plutôt comme un album agencé à posteriori, quasi vingt ans après. Et cela s’appelle «la terre étrangère», première cassette, fer de lance et manifeste du label FRISSONS.
2x30 minutes, 19 morceaux
en écoute sur bandcamp
épuisé